Le mois dernier, la France a été touchée par des évènements tragiques, qu’ils s’agissent de l’attentat contre Charlie Hebdo ou la prise d’otage à l’Hyper Cacher. J’avais dit alors que je voulais disserter sur le fait d’être ou ne pas être Charlie. C'est chose faite.
Etre Charlie
Dès que j’ai appris, le mercredi 7 janvier, qu’il y avait eu un attentat perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo, j’ai été dans un drôle d’état. A l’annonce des noms des victimes, mon cœur s’est resserré.
Comme beaucoup de ma génération, j’ai grandi avec Cabu qui dessinait le nez de Dorothée. Il faisait en quelque sorte partie de ma famille.
Wolinski a contribué à mon éducation sexuelle ! Si si je l’avoue ! Il n’a pas été le seul. Reiser aussi. Ma bibliothèque peut en témoigner encore aujourd’hui.
Je ne lisais pas Charlie Hebdo régulièrement, une à deux fois par an environ car je ne peux pas acheter et lire toute la presse. J’ai gardé les numéros de Charlie que j’ai achetés, tout comme je garde les exemplaires du Canard Enchaîné, du Ravi ou de Marianne pour leurs dessins de presse.
J’ai été profondément touchée car s’attaquer à Charlie Hebdo, c’est s’attaquer à la liberté de presse, à la liberté d’expression. Beaucoup se sont battus pour que nous jouissions aujourd’hui de cette liberté que tant nous envient.
Deux jours après, le vendredi 9 janvier, c’est une prise d’otage mortelle dans un magasin cacher qui a lieu. Au nom de quoi ou qui a-t-on le droit de tuer pour une appartenance à une religion ? Je sais malheureusement que de tout temps, l’homme a commis d’immondes crimes au nom de la religion. Est-ce une raison pour l’accepter ? Non. A ce sujet, je me suis procuré le Traité de la Tolérance écrit par Voltaire. Puissent l’écriture et la lecture faire avancer les idées de paix et de tolérance. Vaste programme !
Au nom de toutes les victimes, c’est tout naturellement que j’ai manifesté à Marseille avec mon appareil photographique autour du cou. La photographie et l’écriture sont mes moyens d’expression.
J’ai été émue quand les gens applaudissaient. J’ai retenu mes larmes.
Nous étions en communion face à la barbarie.
Je refuse qu’on s’attaque à la liberté de la presse, je refuse qu’on s’attaque à des gens pour leur croyance. Pour toutes ces raisons, je suis Charlie.
Vous pouvez visualiser les photographies que j’ai prises le samedi 10 janvier dernier.
Ne pas être Charlie
Je nuancerai mon propose sur la communion face à la barbarie. En effet, j’ai trouvé pathétique la présence de certains chefs d’État à Paris. Certains n’ont pas la même notion que nous de la Démocratie, des Droits de l’Homme et de la Liberté. Etre Charlie devant cette hypocrisie, c’est difficile.
L’atteinte à la liberté d’expression a fait descendre dans la rue de nombreux français dont moi, mais nous sommes combien à nous mobiliser pour d’autres causes tout aussi injustes ici ou ailleurs ?
Combien meurent dans l’indifférence générale de froid, de faim, de coups portés ?
Certaines causes sont-elles plus faciles à défendre ?
Comment ne pas se poser aussi la question de savoir pourquoi on en est arrivé là. Pourquoi des jeunes tuent ? Pourquoi devient-on terroriste ? La faute à qui ? Aux parents ? A l’école ? A la société ?
Arrêtons de fermer les yeux et faisons en sorte que tous les jeunes aient une réelle éducation. Ne fermons pas les yeux quand des familles sont en difficulté. Ne fermons pas les yeux quand l’école fait un signalement qui n’est pas pris en compte. Ne fermons pas les yeux devant les réels problèmes, après, il est trop tard et nous pleurons nos morts.
Je n’ai pas les réponses à tous les maux de la société mais il faudrait que les pouvoirs publics ouvrent les yeux sérieusement.
Je ne peux pas être Charlie quand j’entends qu’un enfant de neuf ans est interpellé car il dit ne pas être Charlie. Je crois rêver. Ou plutôt cauchemarder. Il y a d’autres réponses à apporter à un enfant. Le pays marche sur la tête.
Faut-il enfermer toutes les personnes qui ne sont pas Charlie ?
Autour de moi, les gens condamnent les attentats mais tous ne se sentent pas Charlie car ils n’acceptent pas les hypocrisies en plus haut lieu et aimeraient qu’on se préoccupe aussi des autres problèmes. Faut-il les interpeller et les mettre derrière les barreaux car ils refusent la pensée unique, ennemie de la liberté de pensée ?
Pour conclure, je dirai que je suis Charlie car je défends la liberté d’expression mais je ne suis pas que Charlie car je défends aussi d’autres causes tout aussi injustes.