Anne-Claude THEVAND a interviewé Lucien Séraphin en compagnie d'Alexandre, en stage d'observation.
Lucien Séraphin est un auteur-compositeur-interprète marseillais exilé à Cassis.
Anne-Claude THEVAND : Peux-tu nous parler de ta poésie?
Lucien Séraphin FERLITA : Pour moi, il existe trois thèmes dans la poésie. La poésie (P) à proprement parler, la poésie pour vivre (PPV) et la poésie pour vivre heureux (PPVH). C'est une approche unique que j'ai élaborée après plus de 30 ans de pratique de la poésie.
La poésie capte la beauté tout comme la photographie ou la peinture.
La poésie pour vivre est une poésie intérieure et profonde.
La poésie pour vivre heureux est un poésie encore plus intime qui traduit la beauté et l'importance de l'humain. Elle est la solution philosophique.
Dans tous les cas, je travaille à partir de mes émotions que je note en toutes circonstances. Je m'interroge sur la raison d'une émotion en en faisant la thèse, puis je fais l'antithèse de cette émotion et enfin, j'en fais la synthèse. Mes notes me servent ensuite à écrire des poèmes, des chansons.
Je prends du recul par rapport à mes émotions, ce que ne fait pas tout le monde par fainéantise, désorganisation ou facilité.
La forme que je donne à mes textes est en lien avec le message du texte. La forme traduit mes émotions, elle est réfléchie.
ACT : qu'entends-tu par philosophie personnelle?
LSF : La philosophie personnelle se décline en quatre points :
- Notre histoire personnelle : la philosophie personnelle est tout ce qui fait qui on est. Y contribuent nos parents à travers leur éducation, nos lectures philosophiques puis notre travail personnel pour faire émerger notre philosophie personnelle.
- Analyses rationnelles et irrationnelles de la pensée humaine : en philosophie, on peut faire une analyse irrationnelle qui se range du côté de la théorie ou on peut avoir un esprit rationnel et cartésien qui se range du côté de la pratique. Personnellement, je suis un praticien de la philosophie.
- Découverte de sa propre philosophie : dans ma philosophie personnelle, j'inclus la religion. Je suis catholique croyant et je pense que la religion (âme) et la philosophie (esprit) doivent faire un pas l'une vers l'autre. Pour moi, il n'y a pas de solutions ou de réponses uniquement par Dieu ni uniquement par la science. Je fais la synthèse des deux.
Au-delà de ma philosophie personnelle, il y a un art de vivre. En effet, pour moi, l'art ne doit pas nuire à la vie de famille (cela correspond à la poésie pour vivre heureux). Je veux pouvoir vivre de ma passion mais pas au détriment de ma famille.
- Projet sociétal : mon projet mêlant philosophie et poésie consiste à classer avec des préceptes essentiels.
* La poésie,
* La poésie pour vivre,
*La poésie pour vivre heureux,
*La prose,
*La prose pour vivre,
*La prose pour vivre heureux,
*La poésie picturale ou sculpturale,
*La poésie picturale ou sculpturale pour vivre (exemple des peintres qui peignent sur commande afin de vivre),
*La poésie picturale ou sculturale pour vivre heureux (exemple Dali).
Je collectionne de nombreuses allégories picturales et sculpturales. Les allégories sont une force intérieure de l'art.
Je terminerai en disant que la philosophie permet d'apprendre à penser par soi-même et permet de sortir du formatage.
ACT : Quelles sont tes sources d'inspiration pour écrire?
LSF : Mes thèmes de prédilection sont Cassis, la Provence et tout ce qui suscite en moi une émotion. Je suis également inspiré par le folklore, en effet, quand je vois un spectacle folklorique, j'en retire de la couleur, de la musique, des émotions que je note.
ACT : Tu écris et tu composes, que fais-tu en premier?
LSF : La majeure partie du temps, quand j'écris un texte, je ressens sa musique et je travaille alors des accords sur ma guitare afin de créer une harmonie. Le reste du temps, je regarde si un texte peut être en adéquation avec une musique.
ACT : Peux-tu nous parler de Jacques Dau?
LSF : Jacques Dau est connu pour le duo qu'il forme avec Jean-Marc Catella, Dau et Catella. J'ai fait de la scène avec Jacques Dau sur Marseille et sa région. Nous proposions des chansons, des skectchs où l'humour était présent.
ACT : As-tu toujours été un artiste ou bien as-tu travaillé dans d'autres domaines?
LSF : J'ai travaillé pendant 40 ans dans la banque. Cela fait aujourd'hui cinq ans que je suis à la retraite. C'est un univers particulier. A mon dernier poste, j'étais responsable régional des tutelles à la Caisse d'Epargne PACA-Corse-La Réunion. J'ai pris soin de comprendre les personnes sous tutelle (majeurs handicapés), les personnes qui s'occupent des tutelles et les problématiques de la banque. L'humain est omniprésent. Mon principe était de rendre heureux tout le monde : les clients, le patron et ma famille.
Mon côté humain ne pas m'a empêché, bien au contraire, de dénoncer ce qui ne me plaisait pas dans la banque.
ACT : Alexandre, qui en stage avec moi est le petit-fils de Françoise Anrigo-Martin, peux-tu nous parler d'elle?
LS : Mes liens avec Françoise Anrigo-Martin sont merveilleux. Françoise est une femme qui donne de la beauté aux autres. Elle est talentueuse, elle écrit, elle s'investit depuis longtemps dans la poésie, le tout avec beaucoup d'humour. Elle lutte contre la société qui veut nous formater, nous écraser. Françoise fait partie de notre famille humaine.
Nous nous connaissons grâce à Guy Feugier, président de l'association "le Passeport pour la Poésie".
ACT : Quelle est ton actualité?
LSF : Je joue dans la célèbre partie de cartes de Marcel Pagnol au théâtre de Tatie avec Guy Feugier, Alain D'Aix et Edouard ; je participe régulièrement à 13 en scène (scène ouverte).
Je prépare deux albums, un sur la Provence et un classique.
Comme beaucoup de mes amis artistes, je n'ai pas accès aux grands médias.
ACT : Quel est ton avis sur la culture aujourd'hui?
LSF : Je trouve qu'en France, il y a trop de culture américaine, et ce, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et les accords de Blum-Byrnes. Je n'aime pas cette hégémonie. En tant qu'auteur français, il est difficile de se faire une place.
Pour parler de la culture subventionnée telle qu'elle existe aujourd'hui, je trouve que c'est de la corruption électoraliste.
Pour en savoir sur Françoise Anrigo-Martin, vous pouvez consulter son blog sur les amis des poètes http://lesamisdespoetes.over-blog.com/.
Pour en savoir plus sur Lucien Séraphin, je vous invite à consulter son site internet http://www.lucienseraphin.fr/.
Un livre de Lucien Séraphin, La Culture des Neurosois, Traité de Philosophie Personnelle permet d'approfondir la vision de Lucien Séraphin sur la philosophie et la poésie. Pour avoir lu le livre, il est simple d'approche, tout est bien expliqué avec de nombreux poèmes pour illustrer son discours.
Un livre accessible sur la philosophie!