J'ai rencontré en ce mois d'avril 2014 Jean-Claude Romera, un auteur passionnant, charismatique, intéressant avec qui on a envie de continuer la conversation.
Jean-Claude Romera s'est prêté au jeu de l'interview et a accepté de répondre à mes questions.
Anne-Claude THEVAND : Quel métier exerçais-tu avant d'être à la retraite?
Jean-Claude ROMERA : J'étais Chef d'Agence dans le Génie Climatique et je gérais le journal de l'entreprise. J'aimais écrire des rapports, corriger les fautes de mes collègues. J'ai toujours été attiré par l'écriture bien plus que les chiffres.
ACT : Depuis combien de temps écris-tu?
JCR : J'écris depuis de nombreuses années et je suis publié depuis 2007 pour mon livre "L'Ire des Délires".
ACT : Quand touves-tu le temps d'écrire et comment écris-tu?
JCR : En fonction de l'histoire de mon livre, j'observe autour de moi, je prends régulièrement des notes, puis après, je m'installe, l'après-midi, pour développer mes idées jusqu'à en faire un livre.
Je prends le temps de faire murir les idées, c'est le temps de la création, incompatible avec celui de gagner de l'argent.
Je prends du plaisir quand j'écris, je suis passionné, je m'amuse à choisir le bon mot. Pour moi, la forme, le style et la syntaxe sont importants, bien plus que l'histoire en elle-même. En effet, une même histoire peut être racontée de différentes façons, les livres seront alors différents. Une fois le livre écrit, je passe autant de temps à le corriger. J'accorde de l'importance aux bons mots, aux mots justes, à la précision des mots.
Certains auteurs plus connus écrivent plus vite puis leurs correcteurs enrichissant leurs livres. Ce n'est pas ma façon de procéder. Il y a de l'émotion et de l'authenticité dans mes livres.
J'écris en fonction de mon ressenti, je n'écris pas en fonction des gens ni pour plaire, ce serait être complice du système et j'y suis contre.
ACT : On dit de toi que tu es un écrivain éclectique. Où puises-tu ton inspiration pour aborder des sujets aussi variés que l'humour, l'histoire, la psychologie et d'autres encore?
JCR : J'ai commencé à écrire de l'humour (L'Ire des Délires, Le Fol Humour de mes Folles Pensées) car cela me plaisait. J'ai fait un travail sérieux de réflexion pour écrire mes pensées, mais on m'a dit que l'humour n'était pas de la littérature. J'ai ensuite écrit sur l'histoire (Lavoirs, Onde(s) de Femmes), mais on m'a dit que ce n'était pas de la littérature. Je me suis mis ensuite à écrire des romans. Je ne veux pas me contenter d'un seul genre littéraire, d'où cet écletisme. J'aime surprende le lecteur.
ACT : A quelle occasion as-tu reçu les Palmes Académiques?
JCR : J'ai reçu les palmes académiques dans le cadre de mes activités professionnelles car je me suis occupé de formation. Cela correspond également à mes début d'écrivain. Je porte le ruban violet pour faire plaisir à la personne qui a demandé les palmes pour moi.
ACT : As-tu déjà fait des interventions auprès des jeunes?
JCR : Oui, j'ai fait des interventions auprès d'élèves pour leur parler littérature. Je leur ai donné confiance en l'avenir et je leur ai appris à penser par eux-mêmes, à s'interroger sur le choix des mots, le choix des accents. Par exemple "UN POLICIER TUE" et "UN POLICIER TUÉ" ne signifie pas la même chose. Je suis un garde-fou du bon usage de la langue française.
ACT : Tu vis à Marseille, d'où viennent tes lecteurs et comment te fais-tu connaître?
JCR : Je vis certes à Marseille mais je suis plus connu dans les Alpes-de-Haute-Provence (04) où les médias locaux se sont intéressés à moi. Il n'est pas facile de se faire connaître quand on a un accès très réduit aux médias. Ma maison d'édition n'est pas une grosse maison d'édition, je ne suis donc pas en tête de gondole. Il faut savoir que les gros éditeurs tiennent le marché, il faut donc se battre pour se faire connaître, chose que je fais principalement par l'intermédiaire des réseaux sociaux et de mon blog.
ACT : L'humour est omni-présent sur ton blog, quelle place a l'humour dans tes oeuvres et dans ta vie? Cherches-tu à cacher quelque chose à travers cet humour?
JCR : L'humour est un bon moyen d'inviter les gens à lire mes livres, c'est un moyen de décompresser. Dans mes oeuvres, j'ai abandonné l'humour pour passer à des choses plus sérieuses. Au début, je me cachais beaucoup derrière l'humour, sans doute par timidité. Aujourd'hui, je ne veux plus me cacher.
ACT : Ton troisième roman, "La mauvaise intention" avait initialement pour titre "La Cougar chassait le slip léopard". Pourquoi avoir changé le titre et la photo de couverture?
JCR : La photo initiale de couverture ne fonctionnait pas. J'en ai parlé à mon éditeur et nous avons changé et la photo et le titre car le livre ne parle pas que de cougar.
ACT : En effet, pour moi, ce livre est sérieux, plus sérieux qu'il n'y paraît, notamment car il est question tout au long du livre du syndrome d'Asperger, qui est une forme d'autisme de haut niveau. Comment fais-tu pour te documenter?
JCR : Certaines personnes de mon entourage sont concernées par le syndrome d'Asperger, je me suis tout naturellement renseigné et documenté pour en savoir plus et en parler dans mon livre. Dans mes romans, j'aborde des sujets de société car cela fait partie de la vie. Il est important de donner de la vie et de la consistance aux personnages. Le fait d'avoir un enfant différent permet d'expliquer certains comportements de l'héroïne qui n'est pas une simple cougar.
ACT : Peux-tu nous parler de ton dernier livre "L'éperdue" sorti en ce mois d'avril?
JCR : C'est un livre sur l'attachement aux racines. L'héroïne, marseillaise d'origine tunisienne, marié à un français, va partir avec un tunisien sur un bateau de croisière à destination de la Tunisie. C'est l'éperdue. Comme dans tous mes romans, je rentre dans la psychologie des personnages et il y a un sujet de société en fil conducteur, en l'occurrence l'homosexualité d'un des frères de l'héroïne.
ACT : Combien d'auteurs éditent ta maison d'édition "Les Presses du Midi"?
JCR : Les Presses du Midi éditent près de 450 auteurs. Il faut préciser que c'est une maison d'édition qui n'a pas de distributeurs, du coup, je gère comme je peux la distribution de mes livres.
Il faut savoir que la plupart des grosses maisons d'édition s'intéressent à combien peut rapporter un auteur, et donc son livre. C'est la loi de l'argent qui règne. Le système veut qu'il faut être connu pour vendre des livres. Etre connu ne signifie pas forcément avoir du talent. Où est la littérature quand c'est l'argent qui règne?
Ma maison d'édition me fait confiance depuis le début.
ACT : Vends-tu beaucoup de livres?
JCR : Je vends environ 300 exemplaires de mes livres, sauf le livre sur les lavoirs qui s'est vendu à près de 2000 exemplaires. Je ne vis pas de ma plume, comme beaucoup de mes collègues, je le déplore. Il faut savoir que les "grands" écrivains sont défrayés pour participer aux différents salons, moi, tout est de ma poche.
ACT : Peux-tu nous parler des soirées littéraires que tu organises depuis quelques mois maintenant?
JCR : Jusqu'à l'année dernière, je co-organisais les mardis littéraires au restaurant d'Alfred Mauro, sous le parrainage de Franz-Olivier Giesbert. J'ai arrêté car je trouvais qu'il y avait trop de politique et pas assez de littérature. J'ai donc décidé d'organiser ailleurs des soirées littéraires, toujours de façon bénévole, et en mettant l'accent sur des auteurs locaux. Je communique sur ces soirées par mail, n'ayant pas accès aux médias classiques, chose qui me désole.
Pour en savoir plus sur Jean-Claude Romera, n'hésitez pas à visiter son blog.